Chapitre 1
« Mademoiselle, elle a été enlevée ! »
Le grincement qui s'échappait de l'escalier me paraissait plus que désagréable ce jour-ci. Je ne pouvais nier ma mauvaise humeur, mon teint blafard et les cernes qui se démarquaient sous mes yeux. Ma tête bourdonnait constamment, prête à me faire craquer à tout moment. Mes pas étaient lourds, je le sentais, mais ne pouvais le changer. J'étais juste fatiguée.
Je descendais les nombreuses marches en marbre afin d'arriver dans le hall. En bas, une fille vêtue d'une simple robe noire et d'un tablier blanc m'attendait. Son expression était neutre, et à peine eu-je posé un pied par terre qu'elle s'inclina devant moi.
- Bonjour Mademoiselle. Avez-vous bien dormi ?, dit-elle d'une voix claire tout en relevant la tête.
- Bien, merci, répondis-je de ma constante voix lasse.
Alors qu'elle allait me dire encore des paroles inutiles, je passai mon chemin. Je n'avais que faire de tous ses dires. Plus les jours passaient, plus je m'ennuyais dans cette triste demeure. J'aimerais partir d'ici, et la retrouver. Elle.
- Mademoiselle Sakura !
Je me retournai vivement. Devant moi se trouvait ma tutrice temporaire, et également la personne que j'affectionnais le plus dans cette maison. C'était Kimi-san, la majordome en chef de la résidence Sakura.
- Bonjour Kimi-san. Vous voulez quelque chose ?
- Votre nouveau uniforme scolaire viens d'être lavé. Il est prêt à être porté, dit la grande dame d'une voix posée.
Mon uniforme scolaire ? Oh, j'avais oublié que l'ancien était passé au feu le jour de ma crise. Moi qui croyait que cela pourrait me permettre de sécher quelques cours, j'avais vu faux, une fois de plus.
- Merci, je vais aller le chercher. Dites Kimi-san... Est-ce qu'après les cours je pourrais revoir...
- Aoi ? Mais bien sûr Mademoiselle Sakura ! J'irais la chercher lorsque vous serez dans votre dernière heure, répondit-elle en me coupant la parole.
Une explosion de joie éclata dans tous mon corps. J'allais revoir Aoi, ma petite Kohai adorée, avec qui je passais mes soirées à rire. J'étais tellement pressé de la revoir, c'est la seule personne qui échappe à ma mauvaise humeur.
- Mademoiselle... Vous devriez vous préparer pour le collège. La voiture va bientôt venir vous chercher, me conseilla la femme aux cheveux bruns.
- Bien Kimi-san, répondis-je, je m'y attèle.
Le collège, c'est vrai... Et voilà, ma mauvaise humeur est de retour. L'odeur de propre qui émanait du hall me donnait envie de vomir. Je remerciai et saluai Kimi-san, puis me dirigeai vers le dressing en courant, malgré les réprobations de ma tutrice.
Je n'eus pas à chercher énormément. Mon uniforme était accroché sur la porte, et semblait attendre que je l'empoigne. Ce que je m'empressai de faire. Ensuite, je me dirigeai vers les escaliers, pour remonter à mon étage personnel. Bizarrement, ce n'était pas la partie que j'aimais le plus dans cette maison. Mais j'y étais tout de même attachée.
Je filai en direction de ma chambre, évitant soigneusement les personnes qui pourraient vouloir me parler. Je m'enfermai dans ma pièce intime, et enfila mon uniforme. Il était basique, presque laid. La jupe écossaise rose et le pull jaune représentait bien mon école : une école de riche pourri-gâtés à souhait. Même Kimi-san l'avouait.
J'adorai Kimi-san. Cette grande dame aux cheveux chocolats et aux yeux ardents avait un caractère unique. De plus, c'était ma tutrice temporaire. Jusqu'à ce que ma mère revienne...
- Mademoiselle Sakura ! La voiture est arrivée !, entendis-je Kimi-san crier depuis le rez-de-chaussé.
- J'arrive, répondis-je tranquillement.
J'attrapai mon sac posé à côté de ma coiffeuse en bois blanc, réajustai rapidement mon uniforme, puis dévalai les escaliers jusqu'à arriver à la dernière marche.
- Mademoiselle ! Ne courrez pas comme ça, me réprimanda ma tutrice, Madame Sakura ne serait pas contente de voir votre attitude !
- Me parles pas de cette pouffi..., commençais-je.
- Ne parlez pas de votre mère comme ça ! Allez, dépêchez-vous d'aller à la voiture maintenant, me coupa la grande dame, d'une voix cette fois-ci très instable.
Ma mère ! Tu parles d'une mère qui abandonne sa fille pendant huit ans pour un voyage d'affaire. Si j'avais une mère, ce n'était sûrement pas elle. J'aurais tant aimé avoir Kimi-san à la place. Malgré le fait qu'elle était assez stricte, c'était une personne avec une gentillesse infinie.
Je me dirigeai vers la grande voiture noire qui me servait de moyen de transport. Je saluai poliment le chauffeur, puis montai à l'arrière de l'automobile. Comme toute bonne limousine, c'était spacieux, de mon niveau de richesse. J'avoue que parfois, je me demande si ce n'est pas trop. Si jamais j'aurais pu avoir une autre vie, j'aurais aimé être une fille normale. Après tout, l'argent ne fait pas le bonheur.
[ … ] Lors du retour, après la fin de ma journée chargée à l'école, je m'autorisai à penser à mon passé. Le fait que je n'ai jamais pu, rien qu'entre-percevoir, le visage de mon père. Celui-ci s'est suicidé le jour de ma naissance. Etais-je horrible à ce point ? Ou bien il ne voulait pas vivre une année de plus dans la déprime.
D'après Kimi-san, il avait trop de mal à gérer son niveau social, et la venue d'un enfant allait encore plus chambouler les choses. Le fait qu'il était marié à Madame Sakura, née Azumi, descendante directe d'une lignée princière, le rendait nerveux. Etre l'époux d'une princesse n'était pourtant pas si compliqué selon moi. Il fallait juste savoir se tenir, mais sans pour autant devenir froid.
Quand à ma mère, j'en ai terriblement honte. Cette fille ne mériterait même pas que je l'appelle '' Mère ''. C'est juste une personne décevante. Cette femme m'a abandonnée il y a huit ans, disant partir en voyage. Sauf qu'elle n'est jamais revenue. Elle m'a confié à Kimi-san avant de partir, car elle savait pertinemment qu'elle ne reviendrait pas.
Les derniers souvenirs que j'ai d'elle sont joyeux. Par exemple, les moments où elle me berçait, de ses fins bras soyeux. Ou lorsqu'elle venait avec moi pour m'emmener au parc, afin de me pousser à la balançoire, ou de faire le toboggan avec moi. Tous ces moments que j'avais aimé et qui maintenant me donne envie de vomir. Cette femme était juste pitoyable.
- Mademoiselle, nous sommes arrivés dans la demeure Sakura, m'informa mon chauffeur.
- Merci.
Je descendis doucement, puis me rappellai le bonheur de la journée : Aoi allait venir ici. J'implosai de joie. Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vue ! Un an ou deux... La revoir me faisait tellement de bien.
Elle devait être là, à m'attendre impatiemment dans le grand salon, ses genous trépignants d'impatience, comme la dernière fois que nous nous sommes vues. Quand j'allais ouvrir la porte, j'allais retrouver son sourire éclatant de pureté, et ses yeux pétillants. J'étais pressée, c'est pourquoi je me mis à courir vers la grande porte de bois.
Mais lorsque je l'ouvris, ce n'est pas une Aoi au visage d'ange que je trouvai. C'était ma tutrice, Kimi-san, les yeux coulants de larmes et le visage bouffi.
- A.. Aoi !, dit la femme avant de me prendre dans ses bras.
- Kimi-san.. ?, répondis-je, choquée.
- Mademoiselle, elle a été enlevée !
J'eu l'impression que ce fut tout un monde qui s'écroula autour de moi.
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Ouais, je sais, c'est pas terrible u__u
Mais bon, j'ai toujours du mal à écrire ^^"